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Est-il vrai que la moitié des cancers pourraient être évités?

Un Canadien sur deux recevra un diagnostic de cancer au cours de sa vie. Le proverbe dit : « mieux vaut prévenir que guérir ». Serait-il possible d’éviter ou, du moins, de diminuer notre risque d’être atteint d’un cancer? De nombreuses études démontrent que l’adoption d’habitudes saines permettrait de réduire ces risques : éviter de fumer et de boire de l’alcool, avoir une alimentation saine, pratiquer une activité physique quotidienne ou encore diminuer son niveau de stress. Mais est-il vrai que la moitié des cancers pourraient être évités? Que devons-nous faire concrètement en tant que société, et en tant qu’individu, pour réduire notre exposition aux cancérigènes? Pour tenter de répondre à cette question, ATTITUDE s’est associée avec l’Environmental Working Group et le Centre de prévention du cancer de la famille Stroll (Université McGill) lors d’un forum public en 2018. Revenons sur cette conférence qui est toujours d'actualité.

Premier forum public sur la prévention du cancer

C’était la première fois qu’un expert du secteur de la santé publique, un organisme sans but lucratif et une entreprise en biens de consommation se réunissaient pour discuter de prévention du cancer. Tous ces participants partagent la même mission : réduire les facteurs de risque liés au cancer et l’exposition quotidienne du public aux contaminants.

Trois experts discutent de prévention du cancer De gauche à droite : Michael Pollak (Centre de prévention du cancer de la famille Stroll), Ken Cook (Environmental Working Group) et Hans Drouin (ATTITUDE), trois experts réunis pour discuter de prévention du cancer. Photo : Rhoda Lim - Centre de prévention du cancer.

Les conférenciers : Ken Cook, président et cofondateur de l’Environmental Working Group (EWG). Ken Cook milite avec l’EWG pour donner aux familles des outils pratiques qui les aident à réduire leur exposition à des ingrédients potentiellement nocifs dans les aliments, l’eau potable, les cosmétiques et les produits ménagers. Michael Pollak, MD. Professeur au département d’oncologie de l’Université McGill et directeur du Centre de prévention du cancer de la famille Stroll de l’Hôpital général juif, le Dr Pollak se dédie à la pratique de l’oncologie, à la recherche et à l’enseignement. Hans Drouin, Ph. D., vice-président Recherche et Développement chez ATTITUDE et doctorant en génie biotechnologique et chimique. Hans Drouin se passionne pour le développement d’alternatives naturelles aux produits de consommation conventionnels avec comme préoccupation première la santé des consommateurs. Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre. Steven Guilbeault est engagé à trouver des solutions concrètes pour accélérer la transition de notre mode de vie vers une société plus écologique, saine et équitable.

Les points forts de la conférence de Ken Cook : « Repenser le cancer et l'environnement »

Conférence de Ken Cook de l'Environmental Working Group

Notre sang contient des centaines de produits chimiques : d’où viennent-ils?

Selon un rapport publié en 2016 par l’EWG, il existe aujourd’hui plus de 80 000 produits chimiques disponibles sur le marché américain. Sur ces 80 000 produits, les chercheurs ont identifié 1 400 produits cancérigènes. Une enquête menée par les chercheurs de l’EWG en vue de détecter la présence de produits chimiques dans le sang de citoyens américains révèle la présence de 420 de ces substances cancérigènes dans les échantillons recueillis. D’où proviennent-ils ? Des pesticides, des produits de soins personnels ou encore des produits ménagers. Pour M. Cook, il n’y a aucun doute : « Les substances cancérigènes causent le cancer. Elles ne le provoquent pas chez tout le monde, ni tout de suite, ni de façon toujours prévisible, mais nous savons qu’il y a des agents chimiques qui y contribuent, directement ou indirectement. Alors que les scientifiques étudient la façon de résoudre ce problème, ils sont arrivés à la conclusion que la meilleure façon de le faire est d’éviter certaines expositions. »

Un pancake dans une pile de 6 400 km : quel danger?

Selon l’industrie chimique traditionnelle, il n’y aurait que d’infimes traces de produits chimiques dangereux dans les produits que nous utilisons quotidiennement et ces quantités minuscules n’auraient pas d’impact sur notre santé. Pourtant, M. Cook soutient que même d’infimes quantités peuvent avoir des conséquences majeures, notamment sur les fœtus. Pour illustrer ce que représente une partie par milliard, M. Cook utilise l’analogie suivante : un pancake se trouvant au milieu d’une pile de pancakes mesurant 6 400 km de hauteur. Comment un seul pancake pourrait-il avoir un impact sur l’ensemble? Il cite des études de biosurveillance démontrant que des substances cancérigènes (même utilisées en infime quantité) ont été détectées dans le sang du cordon ombilical des fœtus. Les effets? Elles peuvent causer un faible poids à la naissance, une circonférence de la tête plus petite ou encore être la source de problèmes de thyroïde. « Certains d’entre nous sont plus vulnérables que d’autres, explique M. Cook. Ne laissez personne, que ce soit l’industrie chimique ou d’autres entités, vous dire que les parties par milliard n’ont pas d’importance, ni aucun effet sur la santé – à moins qu’ils aient des études concrètes pour vous le prouver. Malheureusement, comme nous en manquons, nous croyons qu’une exposition aux produits chimiques combinée avec la vulnérabilité de certaines personnes peut avoir des effets néfastes sur la santé. »

Panel de discussion : les experts répondent aux questions de Steven Guilbeault

1. Quel est l’état actuel de la présence des contaminants cancérigènes dans nos produits d’usage courant?

Hans Drouin explique que les ingrédients principaux de quasiment toutes les marques de shampoings et de produits nettoyants ont été créés à partir d’un procédé industriel développé dans les années 1930 au moyen d’une substance chimique que nous savons maintenant être cancérigène. Des recherches menées par des organisations telles que l’EWG démontrent d’ailleurs que de petites quantités de ces ingrédients restent dans les produits que nous utilisons tous les jours.

2. Comment expliquer la présence de contaminants cancérigènes dans les produits d’usage courant en dépit de la réglementation existante au Canada et aux États-Unis?

Les législations gouvernementales continuent de tolérer la présence de contaminants cancérigènes, présents à de petites concentrations, dans les produits que nous utilisons au quotidien. Pourquoi? Les fabricants ne sont pas légalement tenus d’énumérer les contaminants comme ingrédients sur l’étiquette d’un produit s’il s’agit de résidus, d’impuretés ou de substances générées pendant la fabrication qui ne sont donc pas directement ajoutés à la composition. Hans Drouin précise que l’objectif de Santé Canada est de protéger les citoyens. Mais tant qu’il n’existe pas de données prouvant les risques, aucune mesure spécifique ne sera prise. Avec des contaminations croisées provenant de tous les produits, il est très difficile d’obtenir des données certifiant les risques d’exposition. En l’absence de preuves, les ingrédients préoccupants continuent donc d’être utilisés. Selon M. Cook, le système américain est assez dysfonctionnel et c’est pourquoi nous devons nous assurer de raviver l’action civique. Une façon d’y arriver est de faire comprendre aux gens qu’ils peuvent commencer à se protéger et à exiger des mesures en faisant pression auprès des gouvernements.

se fier au sceau EWG VERIFIED

3. Est-il vrai que la moitié des cancers pourraient être évités?

Prévention et responsabilité

« Nous ne faisons pas d’estimations précises, explique Dr Pollak. Peut-être que c’est la moitié, peut-être que c’est le tiers des cancers qui peuvent être évités. Que ce soit 30 % ou 50 %, ce qui compte, c’est que c’est une énorme quantité de cancers qui peut être évitée! » Le Dr Pollak insiste sur le fait que l’adaptation de nos modes de vie est l’approche la plus efficace pour éviter tous les cancers qui seraient « évitables ». Aucun médicament offert n’arrive à soigner même 30 % de tous les cancers. Selon lui, puisque les traitements ne sont pas toujours efficaces (sans oublier qu’ils sont très coûteux), lorsqu’on se demande si l’on peut réduire les cancers de moitié, la clé se trouve dans la prévention.

« Vous devez penser aux risques d’avoir un cancer comme à ceux d’avoir un accident de voiture. Les facteurs sont extrêmement compliqués à déterminer. Cependant, il y a des facteurs de risques connus : conduire trop vite, être en état d’ébriété ou encore avoir des problèmes de freins. C’est la même chose pour le cancer. Si vous optez pour des habitudes de vie malsaines, que vous vous exposez à des produits néfastes ou souffrez de certains problèmes génétiques, votre risque sera plus élevé », explique le Dr Pollak.
Dans le même sens, selon M. Cook, les consommateurs doivent s’interroger sur tous les aspects de leur mode de vie et de leur consommation, comme ils l’ont fait avec le tabac et l’alcool dans les dernières années. Pour lui, ils doivent prendre conscience de l’impact des contaminants et des polluants qui font partie de leur quotidien pour vraiment espérer diminuer le risque d’être atteint d’un cancer pendant leur vie.
« Nous n’aurons jamais assez d’études pour démontrer quelles sont les substances que vous devez éliminer afin de prévenir complètement le cancer. Mais nous savons que vous pouvez vivre une vie moderne parfaitement saine tout en évitant des dizaines de milliers d’expositions chaque année », explique M. Cook.

Pour sa part, M. Drouin est d’avis que les consommateurs ont entre leurs mains le pouvoir de faire changer la société. Selon lui, plus ils seront informés, plus ils seront exigeants sur les produits qu’ils achètent. Il ne fait aucun doute que le marché suivra alors pour offrir des produits rassurants et sécuritaires. Un vrai bon pas pour réduire l’exposition quotidienne aux contaminants cancérigènes !

adopter des produits sains et écoresponsables

Prendre sa santé en main

« En aimant tout simplement la vie et en réalisant à quel point elle est précieuse et irremplaçable, nous avons beaucoup plus de chances de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour contrer les gestes, les expositions et les produits qui risqueraient de nous exposer à un cancer ou une autre maladie », partage M. Cook

Pour conclure, bien qu’il n’y ait pas de certitudes ni de statistiques quant aux chances réelles de réduire les risques de cancers, il est heureusement possible d’améliorer ses habitudes de vie dès maintenant afin de vivre en meilleure santé et plus longtemps! L’autre bonne nouvelle, selon les experts présents ce jour-là, est que les consommateurs ont le pouvoir de faire changer les politiques. Nous pouvons choisir d’adopter un mode de vie plus sain et des produits de consommation plus sûrs, exempts de produits chimiques nocifs. En tant que citoyens, nous pouvons faire pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent en œuvre un cadre législatif plus clair. Et en tant que consommateurs, nous pouvons apprendre à lire les étiquettes, exiger plus de transparence, opter pour des certifications indépendantes et choisir d’encourager des entreprises faisant l’effort d’utiliser uniquement des ingrédients rassurants dans leurs produits.

Pour en savoir plus, découvrez notre dossier complet! 
Et regardez l’intégralité du forum public (vidéo en anglais) :
 

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